Magic Land Théâtre



LES GRANDES ETAPES DE L’HISTOIRE DE LA COMPAGNIE : 

  • Eté 68 : d’Avignon à Ibiza

Image d’épinal : à l’été 1968, Patrick Chaboud débarque, sac au dos et guitare à la main, au Festival d’Avignon. En marge des gens de théâtre qu’il ne côtoie pas encore, il rencontre Michaël Laub et Didier Lapalus (aujourd’hui metteur en scène et photographe de presse) qui deviennent ses compagnons de route. A la fin de l’été, ils partent pour l’Angleterre. Londres c’est alors l’éclosion de la hip generation, du mouvement psychédélique et des grands festivals comme l’île de Wight. Assoiffés de lumière, ils continuent leur route et se rendent à Ibiza. Étrange cohabitation entre les locaux, les hippies et la guardia civil, l’aventure se termine par une expulsion. Ils retournent alors à Londres où ils décident de repartir, vers la Suède cette fois.

  • de 1970 à 1974 : Stockholm

Un groupe se consolide, ce n’est pas encore une communauté mais un squat auto-géré où cohabitent des voyageurs et voyageuses de tous pays (babas cools, premiers écolos, déraciné.e.s, réfugié.e.s politiques ou déserteurs du Vietnam et des étudiant.e.s gauchistes suédois.e.s). Yves Gaillard rencontre Patrick Chaboud, c’est un des premiers compagnons du Magic land. La Suède et son système social trop proche de big brother finit par épuiser ces libertaires. Avec Michaël, Patrick part alors pour l’Israël, comme volontaire dans un Kibboutz.

  • En 1974 : le kibboutz

C’est le grand virage de la vie de Patrick Chaboud. Il découvre là ce qu’il cherchait : un collectivisme pratique, loin des théories, un idéal de vie, une vraie solidarité, un partage, une rotation des tâches et des moyens… Il y restera huit mois et cette expérience sera la base fondatrice du Magic land théâtre. Contraint à se convertir ou à faire sans cesse des aller-retours pour renouveler son visa, Patrick s’en va à contrecœur et avec l’ambition de recréer cette expérience en Europe.

  • En 1975 : la naissance du Magic land dans les Pyrénées françaises

De retour en Suède, il raconte le kibboutz et crée avec ses compagnons “The Magic land commune”, le Magic land était officiellement né. Plus de 12 nationalités s’y retrouvent, le groupe prend alors la route vers Avignon. Patrick veut réunir mais il se rend vite compte que beaucoup de pseudo-marginaux auxquels ils s’adressent ne sont pas prêts pour la grande aventure collective. Odile Serve les rejoint. Elle jouera un rôle crucial dans l’aventure de la compagnie. La troupe se déplace et ne trouve pas de terre d’accueil. Jusqu’au jour où le maire communiste de Buzan, dans les Pyrénées, leur propose un presbytère vide. Enfin, un socle. L’expérience suédoise s’est éteinte mais l’expérience française peut commencer. 

Le groupe vit de la vente de marionnettes et du potager. Fatigué de l’isolement, c’est Lyon qui ouvre ses bras pour une année. C’est là que le collectif choisit d’utiliser les marionnettes plutôt que de les vendre : le premier spectacle voit le jour et s’intitule “Le peuple du soleil”. De retour en Ariège, c’est Dominique Kérignard qui rejoint le groupe et le marquera pour toujours. La vie communautaire s’écoule : rude et bouleversante, Patrick Chaboud en parle encore aujourd’hui comme des plus belles années. L’argent individuel n’existe pas, la survie de chacun, chacune, dépend du groupe. Les spectacles de marionnettes continuent et c’est à Avignon, lors du festival de 1975 que la rencontre avec Karine Salkin, belge expatriée, change la destinée. Elle leur propose d’organiser une tournée en Belgique. Elle sera splendide (même si financièrement, le franc belge valant moins que le franc français, ils et elles se rendront compte un peu tard qu’ils n’ont rien gagné). Ils et elles vont ensuite de festival en festival. Mais dans les Pyrénées, de nombreuses communautés s’installent et cela gêne les pouvoirs locaux. Le groupe est contraint de partir. Vu la tournée belge réalisée avec succès, c’est enfin Bruxelles qui leur tend les bras.

  • en 1976 : Bruxelles

Les débuts à Bruxelles sont durs, pas de chauffage ni de salle de bain ou d’eau chaude. De l’avenue Molière à l’avenue Brugmann, les jours de spectacles, on replie les matelas pour installer le public et on transforme le bureau en loge.

Et pourtant, Bruxelles qui ne devait être qu’une énième étape sur la route, devient le lieu d’existence du le Magic land théâtre. Quarante années plus tard, nous y sommes toujours. Le travail artistique abattu dans la capitale de l’Europe est immense, voici un court aperçu chronologique des événements forts de la compagnie :


  • en 1982, les années Lollipop, le théâtre de rue et le café-théâtre

Invité à faire la promotion de “La reine Claude a des pépins” sur la RTBF, Patrick, pour combler quelques minutes d’antienne, se livre à une improvisation avec Philippe Geluck qu’il rencontre alors. Pauline Hubert repère instantanément ce duo exceptionnel et propose au Magic land d’intégrer la saga Lollipop qui durera cinq années. Fous rires inextinguibles et immense liberté, ces années de télévision seront un tremplin fantastique pour la compagnie.

 

En parallèle de l’aventure télévisuelle et des spectacles de marionnettes, la troupe découvre le théâtre dans la rue et c’est une révélation. C’est Stanislas qui les y initie lors du “Festival des faux monnayeurs”. C’est en extérieur, face aux imprévus, aux intempéries, aux publics plus ou moins concentrés que la compagnie du Magic land apprendra tout et développera ce sens inédit de la relation humaine dans le théâtre. La rue permet de faire éclater l’espace scénique conventionnel et de créer un lien d’humanité profond avec les spectateurs et spectatrices. La troupe retourne alors sur les routes, avec ses spectacles cette fois, au Canada, en Suisse et en France.

 

La compagnie continue par ailleurs de créer des spectacles de café-théâtre qu’elle présente dans sa maison bruxelloise, avenue Brugmann.

  • 1984, les années Botanique

Une nouvelle rencontre vient changer le cours de l’histoire de la troupe. Jean-Pierre Hubert, futur directeur du Botanique, assiste par hasard à une représentation de la troupe dans la maison de l’avenue Brugmann. Il leur propose alors de produire un spectacle pour la saison suivante. C’est un immense défi pour cette compagnie pleine d’autodidactes, les voilà projeté.e.s dans le monde professionnel. Le succès est au rendez-vous. Cette collaboration durera huit ans, le temps de quatre créations et quatre reprises. 


  • les fêtes romanes, la fête des fleurs, le Festival du film fantastique…

C’est l’âge d’or de la compagnie, en parallèle de Nouba Nouba à la télévision, nous continuons de nous produire au Botanique et nous créons et intervenons dans de nombreux d’événements de très grande ampleur. Les fêtes romanes pour ne citer qu’elles sont l’occasion d’immenses  préparations, d’interventions de 300 personnes figurantes, de décors titanesques et de multiples techniques spectaculaires (cirque, pyrotechnie, théâtre, danse et musique sous toutes ses formes). 


  • de 1994 à 2020 : la Rue d’Hoogvorst

Ce lieu que nous louons depuis depuis deux ans pour stocker des décors va devenir notre antre. Malgré le quartier difficile, l’état du bâtiment, l’absence totale de soutien public, nous décidons de transformer ce vieux hangar en un théâtre éblouissant. En quelques mois, la troupe parvient à créer un espace unique et à l’énergie puissante. Le succès est immédiat, la troupe a désormais son public, prêt à la suivre partout où elle ira. Nous resterons dans ce lieu pendant trente ans.


  • le départ de Do et Dilou, cofondateur.rice.s de la compagnie

Dépourvus de tout soutien culturel, nous sommes contraints d’accepter des contrats avec des entreprises privées. Cela crée un fameux débat dans la compagnie et devient un sujet de discorde récurrent. Sans cet argent, nous n’existons plus. Un choix est posé et Do s’en va. Il était l’un des cofondateurs du Magic land théâtre, son absence laisse un vide énorme qu’il faudra combler. Toute aventure humaine connait ses tempêtes. Quelque temps plus tard, c’est Dilou qui s’en ira. Avec son départ, c’est une page qui se tourne, celle des débuts sans gloire et sans argent, celle de l’amitié indéfectible des trois fondateur.rice.s du Magic land théâtre…

  • la zinneke, les parades, les animations, le théâtre

Pendant toutes ces années à Schaerbeek, la compagnie diversifie les activités : parade, animations de rue, café-théâtre, la machine ne s’arrête jamais. De saison en saison, les créations et les reprises se suivent et ne se ressemblent pas (tous ces spectacles se trouvent décrits sur la page qui concernent nos créations).


  • 2020 : le Réseau d’Artagnan

En mars 2020, le monde s’arrête et la covid-19 déferle sur nos contrées. Contraints et forcés, nous fermons nos portes et décidons de retourner dans la rue pour retrouver notre public, envers et contre tout. C’est la naissance du Réseau D’Artagnan. Comptant sur les spectateurs et spectatrices fidèles, nous jouons dans leurs jardins, sur les places de villages, dans les cours d’école et dans tous les lieux possibles qui ne se trouvent pas entre quatre murs et sous un toit. Nous retournons alors à nos première amours : le théâtre de tréteaux, à l’extérieur, sous le ciel étoilé. Et le succès est au rendez-vous. Nous décidons alors de pérenniser ce réseau alternatif de diffusion qui s’appuie tant sur les partenaires officiels que sur des lieux ou compagnies non-encore reconnues par la Fédération Wallonie-Bruxelles et sur des citoyennes et citoyens solidaires (lien vers la page du Réseau D’Artagnan).